Le droit est une filière attractive : depuis 10 ans, elle attire chaque année de plus en plus d’étudiants. Ouverte à tous les profils, que vous ayez suivi des enseignements de spécialité littéraires, économiques ou scientifiques, elle offre aussi beaucoup de débouchés. Ce succès tient beaucoup à l’image que véhiculent les nombreux films et séries mettant en scène des avocats ou des juges – surtout d’ailleurs dans le monde anglo-saxon, dont le système juridique est complètement différent.
Pourtant, ce succès de la discipline peut étonner dans la mesure où la majorité des étudiants en droit découvre la matière à l’université. Même si les lycées proposent depuis peu une option « droit et enjeux du monde contemporain », la matière est nouvelle, la terminologie particulière, les exercices inédits. D’ailleurs, si elle est très populaire, la formation en droit connaît également un taux d’abandon particulièrement élevé. Le taux d’échec en première année : près de 60% des étudiants de L1 abandonnent avant la fin de l’année.
Comment expliquer ce fort taux d’abandon ? Insuffisance du travail fourni ? Inadéquation du contenu de la formation aux attentes des étudiants ? Difficultés à s’adapter au fonctionnement de l’université, qui demeure la voie d’accès principale aux études de droit ?
Quoi qu’il en soit, avec le droit peut-être plus qu’ailleurs, je vous conseiller de bien préciser vitre projet en amont et de vous lancer en connaissance de cause. C’est pourquoi dans cet article, je vous explique :
- Quels sont les débouchés
- En quoi consistent les études de droit
- Comment savoir si cette voie peut vous convenir et surtout si elle va vous plaire
Quels sont les débouchés des études de droit ?
Les études de droit offrent des débouchés variés : vous pourrez devenir avocat, juge, notaire, mais aussi juriste (d’entreprise, social, fiscaliste, de la propriété intellectuelle) ou encore exercer dans le secteur de la fonction publique.
Il est à noter également, pour les plus indécis et les plus prudents d’entre vous, que de nombreuses passerelles existent vers d’autres formations comme le journalisme, la science politique ou encore les écoles de commerce.

Avocat : Coupable ou innocent, tout le monde a le droit d‘être défendu. C’est ce qui explique la présence de l’avocat au tribunal. Accidents, litiges avec le voisin, vols, crimes : autant d’affaires qu’il peut suivre. Avant d’aller au tribunal, l’avocat constitue un dossier composé de comptes rendus, d’expertises, de témoignages… Il s’entretient avec ses clients dans son cabinet ou rencontre les prévenus en détention provisoire à la prison. La plaidoirie constitue un temps fort dans l’exercice du métier d’avocat. Elle doit être préparée avec soin, car une argumentation pertinente est indispensable pour convaincre les juges et les jurés aux assises. Mais l’avocat peut aussi conseiller les entreprises lors de fusions, de cessions, et défendent leurs intérêts en cas de contentieux. Exerçant à titre libéral, l’avocat travaille seul ou avec des collaborateurs au sein d’un cabinet. La profession compte 6% de salariés. Pour exercer, il prête serment et s’inscrit à un barreau.

Magistrat : Garant du respect des lois, le magistrat doit statuer avec impartialité. Quels que soient les faits et les personnes, le juge ne prononce son verdict qu’après avoir étudié le dossier et entendu accusés comme accusateurs exposer leurs arguments dans un débat contradictoire. Lui seul fixe les sanctions et les peines, ordonne les dommages et intérêts.
Le métier comprend plusieurs spécialisations. Le juge peut exercer dans un tribunal d’instance ou de grande instance, auprès d’une Cour d’appel ou à la Cour de cassation. Les opportunités de changement (lieu, fonction) renforcent l’intérêt de la profession.
- Dans les affaires criminelles, il est juge d’instruction. Il rassemble les pièces du dossier, réunit les preuves et interroge les témoins.
- Juge aux affaires familiales, il s’occupe des demandes de divorce, des conflits touchant l’autorité parentale, du droit de garde et de visite des enfants, des demandes de révision de pension alimentaire etc. Il joue souvent un rôle de médiation et de conciliation.
- Juge des enfants, il condamne ou protège les mineurs, avec l’appui de nombreux professionnels : personnels de la protection judiciaire de la jeunesse, assistants de services sociaux, éducateurs, psychologues.
- Le spécialiste des litiges est le juge d’instance, qui est également juge des tutelles (dont la mission est de protéger les plus faibles comme les mineurs dont les deux parents sont déchus de leur autorité parentale par exemple).

Notaire Impossible d’acheter un appartement ou d’établir un contrat de mariage sans passer devant le notaire. Spécialiste du droit, il met sa compétence à la disposition des familles et des entreprises. Officier public, le notaire rédige des actes (promesse de vente d’un appartement, donation etc.) et les authentifie.
Autrement dit, il leur donne une valeur juridique. Il constate officiellement l’accord des parties et s’engage personnellement sur le contenu et la date de l’acte en y apposant sa signature et son sceau.
Le notaire intervient principalement en droit de la famille (contrat de mariage, successions), en droit immobilier (actes de vente d’un appartement, d’une maison), en droit des sociétés (bail commercial, franchise). Parmi ses autres missions, il informe les personnes sur la nature et la portée de leurs engagements. Il leur explique les termes juridiques des contrats et des actes, les conseille.
Pour faire carrière, deux possibilités s’offrent à lui : devenir collaborateur (salarié) dans une étude notariale ou racheter un office (obligatoire pour s’installer en individuel). Le notaire travaille en relation avec le public. Il doit faire preuve d’écoute et de diplomatie.
Juriste d’entreprise : Spécialiste du droit, le juriste d’entreprise a pour mission de défendre et de protéger les intérêts de sa société. Qu’il intervienne sur des contrats de travail ou es contrats commerciaux, il s’occupe des contentieux ou des dossiers liés à l’environnement, il s’assure que les projets et les décisions respectent la législation. A lui de conseiller les différents services de l’entreprise en se tenant informé de l’évolution du droit.
Associé à toutes les décisions commerciales, financières et techniques, il évalue les risques des opérations menées, imagine les montages juridiques les plus avantageux pour son entreprise.
Dans une PME (petit et moyenne entreprise), il est généralement très autonome et assure seul sa fonction. Pour certains dossiers, il coordonne l’intervention d’avocats extérieurs. Dans un grand groupe, il est souvent rattaché à la direction générale ou à une direction financière.
Son rôle étant stratégique, il prend part aux décisions importantes et son expertise est de plus en plus appréciée.
Comment fonctionnent les études supérieures en droit ?
La voie principale est l’université, avec des formations en 5 ans (Master 2) minimum. Quelques formations courtes et professionnalisantes existent cependant.
L'université : la voie principale pour les études supérieures dans le droit
Le 1er cycle : des bases solides, une spécialisation progressive
L’université constitue la voie principale pour exercer la plupart des métiers du droit.
- La 1ère année (L1) est généraliste, elle propose une initiation aux fondamentaux (introduction au droit privé, droit constitutionnel, droit civil, histoire du droit et des institutions juridictionnelles)
- La 2ème année (L2) aborde le droit des obligations, des finances publiques, le droit administratif
- La 3ème année (L3) est celle du choix du parcours, une première orientation en vue de l’intégration d’un master. Il existe trois grandes spécialités : droit privé, droit public et droit international, et des parcours (juriste d’entreprise, doit judiciaire, administration publique). Les mentions LAP (licence Administration Publique) ou AES (Administration économique et sociale) préparent les concours administratifs.
A noter : Différents concours sont ouverts aux titulaires d’une L3 en droit : les concours de recrutement des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, des directeurs des services pénitentiaires, des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse.
Les masters : une spécialisation en 2 ans après la licence, un accès sélectif.
Une trentaine de mentions existent dans trois grands champs : le droit privé, le droit public, le droit international. Vous pourrez vous spécialiser en droit des affaires, droit fiscal, droit social, droit des collectivités territoriales, droit administratif mais aussi en droit de l’immobilier, en droit notarial, droit bancaire et financier, droit de la santé, droit du numérique, droit de l’environnement et de l‘urbanisme.
A noter : Il existe de nombreux doubles diplômes : une trentaine de cursus permettent d’obtenir un double diplôme associant le droit et une autre discipline (économie, histoire, langues, philosophie…). Il existe aussi beaucoup de doubles-diplômes internationaux : droit français + droit anglo-saxon, droit et monde hispanique par exemple.
Avocats : 18 mois après un master 1
Pour devenir avocat, il faut passer un examen accessible après un master 1 en droit. La majorité des candidats sont cependant titulaires d’un master 2.
Adossés à des universités, 47 IEJ (Instituts d’Études Judiciaires) dispensent des préparations à l’examen d’entrée aux écoles des avocats. En 2017, l’examen est devenu national et comprend plusieurs épreuves écrites d’admissibilité ainsi que deux oraux d’admission (langue étrangère et “grand oral”).
Une fois le candidat admis, la formation dans un IEJ se déroule sur 18 mois, avec plusieurs stages dans des cabinets d’avocats ou des services juridiques d’entreprise. A l’issue de la formation, vous serez titulaire du CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat).
Magistrature : un concours très sélectif après un master 2
Située à Bordeaux, l’École Nationale de la Magistrature forme les magistrats (juges, procureurs…) pendant deux ans et demi. Très sélectif, le concours externe est accessible après un master 1 ou un diplôme d’IEP, mais la majorité des admis ont un master 2. Les épreuves du concours, légèrement modifiées en 2019 et appliquées à la rentrée 2020, prévoient des compositions (droit pénal ou civil et question de société), un cas pratique (droit pénal ou civil), deux questions de droit public, ainsi que plusieurs épreuves orales en cas d’admissibilité.
Notariat : la voie universitaire
Il existe des formations courtes et professionnalisantes pour accéder au métier de collaborateur de notaire (qui sont décrites ci-dessous dans la partie dédiée aux formations courtes). A partir de l’obtention d’un M1, la voie universitaire offre deux possibilités pour devenir notaire :
– La voie universitaire classique : après un M1 en droit notarial avec mention, un M2 en droit notarial, dispensé dans une trentaine d’universités. L’entrée est très sélective. Viennent ensuite deux années de stage dans un office notarial et, en parallèle, des modules d’enseignement dans un CFPN (Centre de Formation Professionnelle des Notaires) et à l’université pour préparer le DSN (Diplôme Supérieur de Notariat).
– La voie professionnelle. Après un M2 de droit, les étudiants intègrent un CFPN sur dossier et entretien. La formation comporte des modules d’enseignement et un stage en alternance de 30 mois dans un office notarial. Elle se termine par un rapport de stage et est validée par le Diplôme d’Aptitude aux Fonctions de Notaire (DAFN).
Juriste d’entreprise et professions immobilières : une double compétence commerciale et juridique requise
Pour travailler dans les agences immobilières, les cabinets d’administration de biens, les sociétés propriétaires d’immeubles ou de promotion-construction, les profils commerciaux assortis de solides connaissances juridiques sont les plus recherchés.
En deux ans, le BTS Professions immobilières mêle le droit et les techniques de l’immobilier (transaction, gestion), les techniques de communication, le bâtiment (réglementation et sécurité, construction, technologies du bâtiment). Après un bac+2 en droit, gestion ou commerce, près d’une cinquantaine de licences pro offrent des parcours en gestion et administration de biens, développement de patrimoine immobilier ou commercialisation de biens immobiliers.
Les masters permettent aux titulaires d’une licence de droit ou de gestion de se spécialiser en droit immobilier et de la construction, en droit de l’urbanisme, en gestion du patrimoine.
Les formations courtes (2 à 3 ans) et professionnalisantes
Ces formations permettent d’entrer plus vite sur le marché du travail, à des postes moins qualifiés ou sur des missions très spécialisées.
Le BTS collaborateur juriste notarial (ex BTS notariat) prépare au métier de collaborateur de notaire (secrétaires des études notariales, assistants formalistes). Cette formation peut être suivie d’une licence professionnelle « métiers du notariat ». L’objectif est d’apprendre à constituer un dossier (succession, vente, donation, etc.), à réunir des pièces et à les exploiter, à rédiger, puis à gérer l’agenda et le suivi des dossiers.
Deux autres BTS méritent d’être mentionnés :
- Le BTS professions immobilières qui forme de futurs administrateurs de biens, des gestionnaires pour des organismes HLM ou un syndic de copropriété, qui doivent maîtriser les techniques de vente et de gestion des biens (négociation, prospection, comptabilité) et les bases juridiques qui s’appliquent au secteur.
- Le BTS assurance prépare à l’exercice du métier de gestionnaire de contrats dans une société d’assurance. Ces professionnels prospectent et conseillent la clientèle, vendent des contrats d’assurance, étudient les risques, etc.
À visée professionnelle, le DEUST assistant juridique est proposé dans un seul établissement (IUT de Valenciennes). Il forme les étudiants aux fonctions d’assistant juridique, de collaborateurs d’avocats, de notaires, d’avoués, d’huissiers ainsi qu’avec de responsables de PME. Les assistants juridiques préparent et classent les dossiers d’affaires juridiques, rassemblent les pièces, mettent en forme les actes (contrats, procès-verbaux, baux…).
Le BUT carrières juridiques met l’accent sur les disciplines juridiques, mais aborde aussi l’économie, la gestion, la comptabilité, la fiscalité et les langues étrangères. Les étudiants peuvent se spécialiser via les options Banque-assurance, juriste d’entreprise. Les débouchés sont les services juridiques ou RH (ressources humaines) des entreprises, les cabinets juridiques ou le secteur des banques et assurances.
Licences professionnelles : il existe plus de cinquante licences professionnelles relevant du droit. Accessibles avec un niveau bac + 2, elles permettent aux étudiants en droit (L2 ou DUT) d’affiner leur spécialisation, ou à ceux venus d’horizons plus divers (économie, gestion, commerce, par exemple) d’acquérir une nouvelle compétence. Orientées sur un secteur d’activité (immobilier, assurances, etc.) ou sur une compétence répondant aux besoins des entreprises, elles conduisent à un niveau bac + 3.
Comment savoir si le droit est fait pour vous ?
L’option « droit et grands enjeux du monde contemporain » en Terminale est une aubaine pour tester son intérêt pour les questions juridiques. Je vous recommande vivement de vous inscrire si vous viser une inscription en droit après le bac !
Plusieurs indices permettent d’identifier si le droit peut vous convenir. C’est probablement le cas si :
- Vous vous intéressez à la société dans son ensemble, à son histoire, aux règles qu’elle a mises en place pour que les hommes puissent vivre ensemble ;
- Vous êtes rigoureux et si les environnements structurés vous conviennent bien ;
- Vous aimez rédiger, raisonner et si vous disposez d’un bon esprit de synthèse.
Afin de vous rassurez dans vos choix, je vous invite à multiplier les démarches comme :
- Aller aux portes ouvertes
- Prendre contact avec le notaire de famille, un oncle ou un ami avocat et l’interroger sur son quotidien professionnel
- Échanger avec des étudiants engagés dans des études de droit, pour les interroger au sujet de leurs difficultés, des matières étudiées, de ce qui leur plait / déplait etc.
En bonus, une question fréquemment posée à propos du droit :
Est-il vrai qu’il y a beaucoup de « par cœur » en droit ?
Pendant les études de droit, il faut acquérir beaucoup de connaissances et disposer d’une bonne mémoire est un « plus ». Mais, les étudiants sont souvent étonnés de découvrir que l’apprentissage par cœur n’est pas la dimension essentielle des études de droit. Il faut surtout apprendre à raisonner, avec méthode. Des méthodologies nouvelles nécessitent souvent d’être maitrisées pendant la première année, ce qui peut représenter un réel effort pour les étudiants. Il ne faut pas se décourager, mais persévérer dans l’acquisition de ces méthodes et de nouveaux modes de raisonnement. C’est souvent là un défi bien plus important que celui de l’apprentissage « par cœur ».
Enfin, ai-je le profil d’un étudiant en droit ?
Concernant les élèves en Terminale générale, il est à noter que toutes les spécialités mènent aux études de droit. Les littéraires pourront mettre en avant leurs capacité rédactionnelles et leur culture générale, les profils scientifiques sont appréciés pour la rigueur et le type de raisonnement qu’ils ont développés au lycée. Enfin, les profils plus « économiques » se distinguent par leur ouverture aux grandes questions du monde et les méthodes qu’ils ont appris à maitriser.
Je vous rappelle les attendus Parcoursup pour la filière « droit » :
- Savoir mobiliser des compétences d’expression écrite et orale qui témoignent de qualités rédactionnelles et oratoires ;
- Disposer d’aptitudes à la compréhension, à l’analyse et à la synthèse d’un texte ;
- Disposer d’aptitudes à la logique et au raisonnement conceptuel ;
- Être ouvert au monde et disposer de connaissances linguistiques ;
- Être intéressé par les questions historiques, sociétales et politiques.
- Pouvoir travailler de façon autonome.
Mes sources pour cet article sont :
- Le site de l’ONISEP
- Les sites internet des facultés de droit
- « Le dico des métiers » de l’ONISEP, édition 2017.